L’agriculture bio est plus efficace contre les maladies que les techniques conventionnelles

Des chercheurs de l’INRA et de l’université de Rennes viennent de démontrer que l’agriculture bio lutte plus efficacement contre les maladies que l’agriculture conventionnelle. Or, c’est justement pour lutter contre ces agents pathogènes que les agriculteurs utilisent des pesticides.
 
Ce sont des conclusions plutôt étonnantes qui viennent d’être publiées dans la revue Nature Substainability sous le titre Evidence that organic farming promotes pest control (https://www.nature.com/articles/s41893-018-0102-4).
 
Menée par des chercheurs de l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) et de l’université de Rennes, cette recherche montre que l’agriculture biologique résiste mieux aux maladies que la conventionnelle. "En utilisant deux méta-analyses distinctes, nous démontrons que par rapport aux systèmes de cultures conventionnels, l’agriculture biologique favorise la lutte antiparasitaire (…)", expliquent les chercheurs.
 
Autrement dit, les pesticides, présentés comme nécessaires et efficaces contre les maladies, le sont en fait moins que l’agriculture bio qui n’utilise pas d’intrants chimiques. De quoi remettre en cause des certitudes ancrées depuis des décennies dans le monde agricole. 
 

Plus de mauvaises herbes, moins de ravageurs et de maladies

Dans le détail, les chercheurs se sont focalisés sur trois catégories de bio-agresseurs : les ravageurs (insectes, acariens, vers…), les agents pathogènes (champignons ou bactéries) et les plantes adventices, c'est-à-dire comme les mauvaises herbes. "Les systèmes de culture conduits en agriculture biologique subissent des niveaux d’infestations par des agents pathogènes plus faibles que ceux conduits en agriculture conventionnelle", estiment les chercheurs. 
 
Concernant les ravageurs, ils sont présents à un taux similaire dans l’agriculture bio et dans la conventionnelle. Enfin, les mauvaises herbes sont plus présentes en bio. C’est d’ailleurs leur présence qui permet de lutter au mieux contre les maladies et les ravageurs, expliquent les auteurs.

 

En 10 ans, une augmentation de 20 % des produits phytosanitaires

Ces résultats "ouvrent des perspectives d’intérêt pour réduire l’utilisation de fongicides ou d’insecticides de synthèse sans pour autant augmenter les niveaux d’infestation des pathogènes et des ravageurs", concluent les chercheurs.
 
Cette étude fait écho à l’actualité. Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire, dit vouloir mener une « guerre » contre les pesticides, revigoré par la condamnation de Monsanto à verser 289 millions de dollars à un jardinier atteint d’un cancer. Mais la lutte s’avère difficile : malgré les différents plans Ecophyto, en une décennie, l’utilisation des produits phytosanitaires a augmenté de 20 %.