Les lobbies veulent désinformer le consommateur

 
 
Comment Nestlé, Mars, Coca-Cola, Unilever, Mondelez et PepsiCo tentent de couler le Nutri-score français (5C) à coup de désinformation
 
Nestlé, Mars, Coca-Cola, Unilever, Mondelez et PepsiCo présentent aujourd’hui à la Commission européenne leur « Initiative d’étiquetage nutritionnel évolué ». Ceux que l’on surnomme les ‘big six’ combattent depuis des années toute obligation d’apposer un logo qui renseignerait les consommateurs sur la réelle qualité nutritionnelle des produits. Ces géants de l’agroalimentaire passent désormais à l’offensive pour contrecarrer le logo 5C (Nutri-score) officiellement choisi par la France, avec une vieille technique : créer de la confusion et désinformer. Les ‘big six’ sortent donc du chapeau un logo à leur sauce, les « feux tricolores » affublés d’une approche par portions fantaisiste. Cette combine, dénoncée par foodwatch, pourrait permettre aux fabricants de faire passer leurs aliments et boissons pour plus sains qu’ils ne le sont en réalité, avec moins de produits étiquetés en rouge. Au détriment de la santé publique.
 
Paris, le 30 novembre 2017. Face à l’épidémie mondiale d'obésité, le gouvernement français prend des mesures et recommande l'utilisation d'un logo sur le devant des emballages appelé Nutri-score (5C), dont l'échelle à cinq couleurs et cinq lettres renseigne sur la qualité nutritionnelle des produits. L’arrêté officiel a été signé. Bien que ce logo ne soit pas obligatoire, Intermarché, Auchan, Leclerc, Fleury Michon, Danone et Mc Cain ont d’ores et déjà décidé de l’adopter. 
 
Mais tous les acteurs de l’industrie agroalimentaire ne sont pas prêts à jouer le jeu, à commencer par les plus gros. Nestlé, Mars, Coca-Cola, Unilever, Mondelez et PepsiCo – surnommés les ‘big six’ - ont combattu pendant des années tout logo qui renseignerait les consommateurs sur la réelle qualité nutritionnelle des produits (gras, sucrés, salés… ou pas). Voilà qu’ils changent soudainement d’avis au moment où la France officialise son choix de logo, et sortent du chapeau un logo à leur propre sauce : une « Initiative d’étiquetage nutritionnel évolué » . Le principe est simple : détourner le logo des feux tricolores britanniques à leur avantage avec une approche par portions fantaisiste. Cette manœuvre leur permettrait d’afficher moins de voyants rouges, faisant passer des produits pour plus sains qu’ils ne sont. 
 
« Ces géants de l’industrie agro-alimentaire utilisent une vieille technique habituelle qui consiste à brouiller le débat ; cette fois en proposant leur propre logo dénué de tout fondement scientifique. C’est de la désinformation. Ils n’ont pas vraiment l’intention de favoriser une alimentation saine en produisant des aliments plus équilibrés. Ils cherchent simplement à échapper à toute amélioration de leurs produits », dénonce Karine Jacquemart, directrice de foodwatch. 
 
foodwatch rappelle que ce n’est pas la première fois que certains lobbies de l’industrie agroalimentaire tentent de faire barrage à des règlementations dont l’objectif de santé publique est la lutte contre l’obésité. Alors que de plus en plus de gouvernements prennent des mesures, comme la France, l’Angleterre, la Belgique et la Suède pour taxer les boissons sucrées ou restreindre le marketing ciblant les enfants, des grandes marques font de la contre-attaque leur priorité, comme l’illustre une fuite de documents internes de Coca-Cola Europe. 
 
Pour foodwatch, si l’Europe entend réellement promouvoir des régimes alimentaires plus sains, il est nécessaire de rendre obligatoire dans toute l’Europe un modèle d'étiquetage nutritionnel coloré à l’avant des emballages et élaboré par des organismes scientifiques indépendants, en dehors de toute influence de l'industrie alimentaire, tel que le Nutri-score. 
 
Sources :
Présentation de Nestlé, Mars, Coca-Cola, Unilever, Mondelez et PespsiCo à l’agenda du 30 novembre 2017 de la Plateforme de l'UE relative à l'alimentation, l'activité physique et la santé.
Fuite de documents internes de Coca-Cola Europe montrant que la contre-attaque aux politiques de santé publique constitue la priorité des activités de lobbying.