Le paradoxe des agriculteurs

Pourquoi les agriculteurs mènent-ils des actions aussi inefficaces ?

Malgré leurs nombreuses  heures  de travail, les agriculteurs ne gagnent pas leur vie. Dans n’importe quelle entreprise, les personnels se mettent en grève lorsqu’ils ne sont pas payés ou pas assez. Les agriculteurs ne peuvent pas car les intermédiaires achèteraient à l’étranger. Ils s’en prennent donc à l’état.

Cependant, ils disent bien qu’ils préfèrent gagner leur vie en vendant un juste prix aux consommateurs et non en recevant des subventions de l’état. C’est vrai que c’est humiliant.

Pourquoi ternissent-ils leur image en jetant de la nourriture et du fumier sur les lieux publics, brulant des pneus, bloquant les routes ? Pourquoi ne bloquent-ils pas les plateformes d’approvisionnement des grandes entreprises de distribution ?

Les productions agricoles de l’étranger seraient bloquées comme les leurs. Tout le monde serait à égalité. Les centrales de distributions seraient obligées de vendre au juste prix. 

Pourquoi les agriculteurs mènent-ils des actions aussi inefficaces ? Sont-ils manipulés et par qui ?

Voici un exemple de manipulation, déjà mis en évidence par André Pochon en 2006.

Voir la vidéo avec André Pochon ici.

 

Adieu beaux pâturages, bonjour maïs et soja fourrages

André Pochon, ancien agriculteur en Bretagne, fait partie du CEDADA, le centre d'études et de développement d'une agriculture plus autonome.

Il nous parle de la perte des pâturages français au profit du maïs et du soja… Pour quel bénéfice ?

"On délaisse l'herbe pour la remplacer par le maïs et le soja", dit-il.

Un hectare de maïs fourrage en Centre Bretagne donne moins qu'un hectare d'herbe sur le plan énergétique.

L'INRA avait lancé la révolution fourragère il y a plusieurs dizaines d'années : nourrir plus les vaches avec moins de frais. 10 ans plus tard, l'institut semble abandonner cette idée pour se lancer dans le soja et la maïs, qui sont alors vulgarisés partout en France et en Europe.

Pourtant, l'herbe est moins chère !

Pourquoi les agriculteurs cultivent-ils donc du maïs si c'est moins rentable ?

Les agriculteurs choisissent de cultiver du maïs car la prime à l'hectare est importante : 350€ de prime à l'hectare. 

Néanmoins, pour produire 1 hectare de maïs, on importe 2 tonnes de soja (protéines, énergie, unités fourragères) qui sont transformés en lait et en viande.

Les bénéfices naturels de la révolution fourragère

Lors de la révolution fourragère, on a appris à semer des prairies, à les exploiter comme il faut, on les a mieux fertilisées et on a multiplié les rendements. Cela sans aucun engrais ajouté, sans aucun pesticide. On a multiplié le nombre de vaches par 2 ou par 3.

La nourriture la moins coûteuse pour une vache, c'est l'herbe. C'est une évidence.

Cet engouement de l'INRA pour le maïs et le soja, qui venait des Etats-Unis semble avoir été "obligatoire" au risque d'être décrédibilisé. On a trompé les gens en comptant 1 litre de lait produit brut sans tenir compte de savoir si on a acheté l'aliment ou pas.

Les dégâts du maïs

Le maïs a fait beaucoup de dégâts. Cette généralisation du maïs en Europe nous a rendu dépendants des américains. 75% de l'alimentation protéique des animaux de France provient du soja américain. Un comble pour une France si riche au niveau agriculture !

Comment les responsables politiques n'ont-ils pas vu cela et ont-ils pu encourager ce système ?

Une agriculture productiviste… mais moins bénéfique...

Le pâturage était la norme dans les années 65-70. Puis le maïs fourrage et le hors-sol sont arrivés et nous sommes passés à une agriculture productiviste. On a produit beaucoup certes… Mais avec quelle dépense ? Ce qui au final reste dans le porte-monnaie de l'agriculteur est moins bon, sans parler des répercussions sur l'environnement.

Nous avons mis en marche un mauvais type de développement : d'abord les engrais azotés, ensuite les pesticides, enfin l'ajout des OGM… Pour nous amener à quoi ? A moins d'agriculteurs et plus de pollution.

A quand le retour aux pâturages ?

Voir la vidéo avec André Pochon ici.

Voir aussi   Article récent de la Nouvelle République en date du 13 février