L'agriculture biologique, une reponse citoyenne pour preserver notre avenir

Constat :

Nous assistons actuellement à un basculement de la société de consommation dont les aspirations sont en rupture avec le modèle dominant de productions de masse.
L’Agriculture est au cœur des enjeux écologiques.
Le droit pour tous à une alimentation saine, échappant aux manipulations des industries chimiques est devenue une revendication inséparable de la lutte pour la protection de l’environnement, la justice sociale, la préservation de l’emploi et des terroirs, la renaissance des agricultures vivrières, les seules pratiques qui peuvent permettre aux populations pauvres de reconquérir leur souveraineté alimentaire et de vaincre la famine durablement.

La production biologique doit être le fer de lance de ce combat.

L’urgence de la situation doit être de sensibiliser la société française à la nécessité d’un développement immédiat et a grande échelle de l’alimentation biologique, dans les cantines scolaires, les hôpitaux, les maisons de retraites… afin de re- localiser les productions agricoles pour une renaissance des économies rurales, des circuits courts et du lien social.

L’ambition des mouvements d’agriculture biologique adhérents à OBJECTIF BIO est bien d’inscrire ces thèmes au cœur des prochaines campagnes électorales, juste opportunité démocratique, pour promouvoir une agriculture durable, paysanne, solidaire, respectueuse de la santé et de l’environnement.

Les crises sanitaires à répétition ont sensibilisé l’opinion sur les dérives du modèle alimentaire industriel.
Ainsi on a pris conscience de la relation étroite entre la santé et l’environnement.

L'agriculture biologique, une réponse citoyenne pour préserver notre avenir !
 

L’ Agriculture est une activité de base dans tous les pays du globe.
Elle doit répondre au plus fondamental de tous les besoins :
L’ alimentation des populations, dans des conditions de sécurité et de salubrité optimum, définies par les coutumes et les exigences sanitaires.

Parallèlement, elle a pour vocation d’assurer la préservation des ressources et des paysages dans des campagnes vivantes.

De plus, l’Agriculture a une autre fonction essentielle à remplir, elle doit veiller au respect des cycles écologiques pour une production durable.

Ces recommandations figurent dans l’Agenda 21 adopté au sommet de Rio.
Elles assignent à la communauté internationale des objectifs prioritaires pour une agriculture de restauration et de préservation de l’environnement, afin d’établir une société viable à long terme pour que nos enfants et les enfants de nos enfants puissent vivre aussi bien que nous.

TOUTE VIE REPOSE SUR LA PLANTE VERTE !

La capacité des végétaux à transformer l’énergie solaire, donne à l’Agriculture une position unique parce qu’elle produit des ressources indispensables et notamment la majeure partie des matières premières renouvelables dont:

Les denrées alimentaires, les bio-énergies, les matières premières industrielles (coton, huiles, laine, chanvre, carburants, alcools, pigments tinctoriels), les fibres végétales pour matériaux de construction, molécules diverses, etc …

Les systèmes énergétiques de l’avenir devront s’adapter plus largement à ce que peuvent tolérer les êtres humains et la nature en ayant recours à des technologies non-polluantes, en rétablissant des cycles écologiques d’épuration et de restitution des déchets en matières fertilisantes, que seule peut valoriser une agriculture plus « organique » que minérale, plus « fermentaire » qu’industrielle, plus biologique que chimique….

L'agriculture biologique, une réponse citoyenne pour préserver notre avenir !
 

L’un des gigantesques enjeux du XXI ème siècle est de nourrir sainement et économiquement une population en constante expansion alors que les ressources en terres et en eau diminuent et, également les connaissances et les savoirs faire naturellement adaptés aux conditions locales.

N’oublions pas que pauvreté et dégradation de l’environnement vont de pair avec leurs conséquences tragiques de migrations, de guerres, de famines et d’épidémies.

Il existe actuellement de grands risques de conflits entre les exigences d’une agriculture viable à long terme (biologique ou paysanne), fondée sur le respect des traditions et de l’environnement et les promoteurs d’une exploitation industrielle intensive des ressources.

Ces derniers, s’ils ont obtenu en quelques décennies des résultats spectaculaires, ne pourront pas maintenir leurs performances, car les agro-systèmes sont épuisés et leur vulnérabilité n’a d’égale que leur dépendance totale à des techniques très coûteuses et sophistiquées pour une production alimentaire limitée à une minorité de populations solvables.

Dans un tel conflit, il importe de donner la priorité à une gestion des ressources qu’on pourrait appeler « en bon père de famille » mention qui figure toujours dans les baux ruraux…basée sur l’économie traditionnelle et les techniques appropriées pour préserver l’avenir et le potentiel de subsistance.

Aujourd’hui, force est de constater que le système alimentaire moderne est dans une impasse majeure.
Il détruit ses sols, saccage ses ressources, ruine la majorité de ses paysans, pour une nourriture de plus en plus appauvrie, avec des risques extravagants de maladies nouvelles à répétition.

Le scénario catastrophe se rapproche mais on ne remet pas en cause les conditions de production et d’élevage. Pourtant il existe des alternatives bénéfiques.

En anéantissant ainsi les économies rurales, le modèle alimentaire dominant condamne toutes perspectives de rétablissement d’emploi et d’intégration sociale dans des zones devenues durablement désertiques.

Il faut au contraire inverser la tendance et donner priorité à un développement économique des zones rurales, axé sur les petites entreprises, les dynamiques créatives, la transformation à la ferme, la diversification, l’innovation, la qualité…

L'agriculture biologique, une réponse citoyenne pour préserver notre avenir !
 

Toute la société est donc concernée par l’agriculture et les citoyens ont leur mot à dire sur les méthodes de productions dont l’impact au niveau des ressources : l’eau, les sols, la biodiversité est préoccupant.
Ils ont d’autant plus leur mot à dire qu’ils apportent une contribution financière importante aux subventions (12 milliards d’euros par an) que reçoit l’agriculture française, soit environ 10% du budget des ménages collectés par la fiscalité.

Ils contribuent également à supporter, avec leurs impôts, la facture en constante augmentation, de la dépollution et des dégâts fait à l’environnement (32 milliards d’euros par an en France). Accessoirement ils contribuent de temps à autre à éponger des désastres comme ceux de la « vache folle » (4 milliards) du poulet à la dioxine, de la peste porcine, de la grippe aviaire, demain l’effet de serre et les OGM… On n’en finit pas d’énumérer la longue liste des catastrophes sociales, sanitaires, économiques…

Pas plus que l’évaluation pour d’autres dégâts collatéraux, la dégradation de la santé publique qui plombent les budgets de la sécurité sociale, le doublement des cancers en 20 ans, les maladies de Parkinson, l’affaissement de la fécondité masculine, la diminution de l’immuno-résistance, les allergies et autres maladies nouvelles qui touchent des individus de plus en plus jeunes, toute cette morbidité provoquée par la dégradation de l’environnement et l’artificialisation extravagante de l’alimentation moderne.

Ce n’est pas faute d’avoir été alertés, et depuis longtemps. Le journal le Monde vient de re-publier le 31 janvier 2007, un de ses articles du 1er février 1957, il y a 50 ans qui titrait : « Notre santé en péril ? », suivait le compte-rendu d’une réunion de l’AFRAN (Association Française pour la Recherche d’une Alimentation Naturelle) dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne et présidée par le Secrétaire d’Etat à l’Industrie et au Commerce.

Cette association regroupant de nombreuses sociétés scientifiques, agronomiques, médicales dénonçait le péril que représentait déjà la mauvaise qualité de l’alimentation pour la santé. Selon les médecins présents, les méthodes de productions agricoles ont été si perturbées que la nature des aliments en a été changée.

Ils dénonçaient déjà l’abus des engrais chimiques détruisant les populations bactériennes des sols, la lutte contre les insectes par des traitements toxiques, le forçage des bêtes d’abattoir, la multiplication artificielle de la ponte, les nombreux procédés de récupération et de stérilisation des aliments, l’usage des produits de coloration ou de décoloration ont dénaturé la qualité biologique de notre nourriture…(fin de citation).

Si ces personnes revenaient aujourd’hui, elles auraient un choc devant les outrages et les outrances de notre système alimentaire.

De même pour Sir Albert Howard, le grand agronome anglais auteur du « Testament Agricole » en 1940. Il dénonçait lui aussi le mauvais choix de la fumure minérale (les engrais chimiques).
Selon lui, on pouvait accroître la productivité agricole en perfectionnant les procédés traditionnels de culture qui accordent à la fertilisation de l’humus, la place essentielle.
Ces procédés sont vieux comme le monde disait-il. C’est grâce à eux que nos ancêtres ont protégé la vie de leur sol en entretenant l’humus et en fournissant des aliments de qualité.
Il ajoutait : aujourd’hui, maltraitée, forcée, la terre s’épuise parce que le capital humique est dilapidé. Les produits qui en sont issus perdent leurs qualités.
Les signes d’un désastre mondial sont déjà perceptibles. Des territoires agricoles considérables ont été saccagés dans tous les pays, la fertilité de la terre s’appauvrit rapidement. Demain la préoccupation majeure du monde agricole sera biologique.
Le monde civilisé est sous-nutri au sein de l’abondance. Il subi de plus en plus gravement les carences et l’intoxication résultant d’une nourriture déséquilibrée et empoisonnée.
La vie et la santé des êtres vivants sont directement menacées
… (fin de citation 1940).

Tout est dit ! C’est extraordinaire comment l’humanité peut rester sourde et aveugle et « préfére l’illusion qui plaît à la vérité qui dérange » au point de se créer autant de souffrances inutiles. Evidemment ces constats, faits il y a un demi-siècle, sont sans commune mesure avec la situation actuelle où le délire collectif d’artificialisation de la vie et le gaspillage généralisé sont à leur paroxysme.

L’agriculture moderne à failli à sa mission d’intérêt général et le modèle alimentaire industriel est dans une impasse majeure :
 

    1. Il repose sur le pillage accéléré des ressources fossiles non-renouvelables (bientôt épuisées).

    2. Il détruit ses sols et ses paysans au rythme d’une exploitation toutes les 2 minutes en Europe, une tous les quart d’heure en France et 8 kilos d’humus « brûlés » pour 1 kg de nourriture produite.

    3. Il saccage les ressources en eau douce (73% de l’eau pompée sur la terre va à l’agriculture) N.B. Le système intensif a besoin de beaucoup d’eau pour l’efficacité des engrais solubles.

    4. Il répand sur la planète 2 millions de tonnes de pesticides par an. Ces poisons extrêmement toxiques, (une seule goutte sur les lèvres peut tuer) s’accumulent d’année en année dans les sols, les eaux, le sang et constituent de vraies bombes à retardement.

    5. Il produit des aliments altérés, carencés, non-conformes aux besoins physiologiques et biologiques des êtres vivants, sources de pathologies nouvelles.

    6. Il est anti-économique et consomme 3 fois plus d’énergie qu’il n’en produit.

    7. Il participe au désordre global du climat puisqu’il est le premier émetteur de gaz à effet de serre. (il est responsable de plus d’un tiers des émissions de GES)

    8. Il provoque des coûts sociaux considérables avec l’exode rural, la désertification, les incendies, les inondations, le chômage et les atteintes à la santé publique.

    9. Il consomme des budgets publics pharamineux, sans lesquels il s’écroulerait.

    10. Il est injuste car il répartit inéquitablement les fruits de la terre indispensables à la survie alimentaire, et fait l’objet de spéculations boursières, d’enjeux politiques meurtriers, de chantage et de corruption.

Mon réquisitoire contre ce modèle alimentaire peut sembler sévère à ceux qui ne connaissent pas la gravité de la situation et les mensonges sur lesquels il repose.

Il est tant de dire STOP à cette aliénation mentale, qui continue de brandir le mythe de la croissance consummériste. C’est comme si depuis le reniement de Galilée on continuait à prétendre que la Terre est plate.

Plus nous serons nombreux à ne plus cautionner par nos achats les systèmes destructeurs de la planète, plus nous aurons de chances de survivre.

COMMENT PASSER DE LA PREDATION A LA PRESERVATION :

Ou plutôt comment passer de l’égoïsme individuel à l’intelligence collective.

D’abord se rappeler des trésors du passé, le génie des civilisations prospères qui nous ont précédé. Lorsque l’on a perdu tout repère, comme c’est le cas aujourd’hui, il faut se retourner vers ceux qui ont mis en œuvre des moyens simples d’existence, efficaces et durables. Car enfin, la crise peut s’aggraver nous pourrons toujours nous passer de machines à laver, d’automobiles et d’ordinateurs, mais nous ne pourrons pas nous passer de manger !

L'agriculture biologique, une réponse citoyenne pour préserver notre avenir !
 

« Toute vie sur terre repose sur la plante verte » observait l’agronome André Gatheron. Qu’est-ce d’autre en effet que la nourriture, sinon de l’énergie solaire cristallisée… et Lester R. Brown (World Watch Institute - Washington) de renchérir :
Tout l’équilibre de la vie repose sur la photosynthèse et jusqu’à nouvel ordre l’homme n’a rien trouvé de mieux que ce procédé mis au point par la nature pendant des millions d’années…
On a trop tendance à oublier que les systèmes naturels sont les fondations de l’économie mondiale et que, quelques soient les perspectives de l’aéronautique, de l’informatique ou de l’industrie chimique, si la productivité des écosystèmes diminue, c’est l’économie mondiale qui se détériore…

Ceci nous ramène à la fonction essentielle qu’est l’agriculture ou l’art de gérer les fonctions naturelles et gratuites des écosystèmes.

Les petits paysans « archaïques » font beaucoup mieux que les grandes institutions internationales pour nourrir le monde. Voyons comment nous pouvons nous inspirer de leur génie et de leur sagesse :

Mes amis Malgaches de Fianaraotsoa, communauté rurale guidée par des Jésuites agronomes ont développé depuis 40 ans une méthode de production de riz qui ne doit rien à la pétro-chimie, rien à l’industrie lourde, rien aux semences modernes, rien aux O.G.M. et pourtant ils battent tous les records mondiaux de rendements : jusqu’à 10 fois plus que les productions classiques, soit 240 qux/ha par an en une seule récolte… avec leurs petites mains, sans même un motoculteur…

Leurs performances reposent sur les défis que les hommes de tout temps, écologistes avant l’heure, ont été obligés d’affronter pour s’adapter à leur environnement avec souvent des découvertes empiriques et géniales comme celles que je vais vous conter :

Le système de riziculture de l’association Tefy Saina repose sur des principes vieux comme le monde.

    1. Assolements et rotation des parcelles, jamais deux années de suite la même culture au même endroit. Cette pratique que connaissent tous les paysans « archaïques » du monde, mais néanmoins intelligents, permet de résoudre naturellement, 80% des problèmes de maladies, de parasitismes et de mauvaises herbes…

    2. Le choix de variétés « rustiques » c’est-à-dire des plantes que les paysans eux-mêmes pendant des années on sélectionné et adapté à leur situation : terroir, de climat, d’altitude…pour les rendre compatibles et productives de façon optimum.

    3. Une fertilisation organique, à base de compost, la vraie nourriture de la terre, qui renoue ainsi avec la vocation ancestrale de l’agriculture : le recyclage les déchets végétaux, animaux et humains.

    4. La découverte ou plutôt le génie de l’empirisme : on constate après 3.000 ans que le riz n’est pas une plante aquatique. En effet si on assèche la rizière au stade du « tallage », c’est-à-dire après quelques semaines de végétation, un grain fait alors 100 épis et même 200 épis…

    5. Autre astuce, découverte par hasard, le choix du repiquage : il faut que la plantule n’ait qu’une feuille, surtout pas deux ni trois, car à ce stade de développement on perd la moitié de la récolte.

La morale de cette histoire, c’est qu’il faut être paysan, en symbiose avec sa terre, et avec la nature, pour comprendre cette intelligence immanente qui nous entoure. Ce n’est pas dans des théories abstraites ou dans des laboratoires d’analyses que l’on peut spontanément découvrir de telles opportunités…

Je sais, la techno-science intervient après, si toutefois elle ne nie pas le phénomène, puisqu’il ne figure pas dans ses bibles de références. Alors, elle va le décortiquer, l’expliquer, le codifier, et finalement se l’approprier pour le vendre au plus offrant, lequel s’arrangera pour l’interdire à ceux-là mêmes qui en sont les légitimes inventeurs, c'est-à-dire les populations paysannes, sans grades, souvent analphabètes qu’on peut d’autant mieux spolier, et exploiter.

C’est le schéma habituel de la plupart des avancées technologiques.
Flemming n’a pas peut-être pas vraiment découvert la pénicilline. Dans les annales de l’histoire Bulgare au XIXème siècle, on apprend que les populations assiégées pendant la guerre avec les Turcs avaient, bien avant le grand homme, expérimenté le pouvoir des levures. Ceux qui survivaient aux épidémies avaient osé manger le pain moisi. Ceux qui refusait cette nourriture peu engageante, mais néanmoins salvatrice sont tous morts.

Toute aussi édifiante est l’histoire des « Suka Kollu » en Bolivie, rapportée par deux observateurs globbe-trotters, Maryvonne et Bruno Robineau.
Les vestiges de Tiwanaku, la prestigieuse capitale d’un empire disparu au cœur de la Cordillière des Andes nous donnent une belle leçon d’humilité.
Ce paysage lunaire de l’Altiplano Bolivien où des communautés d’Indiens, à 4.000 mètres d’altitude, essaient aujourd’hui de survivre des maigres récoltes de pommes de terre et des quelques lamas efflanqués qui broutent l’herbe rare de ces plateaux battus par les vents froids et brûlés par le soleil.
Les archéologues se sont longtemps demandés comment, il y a 600 ans, la ville de 120.000 habitants a pu se nourrir avec l’agriculture locale, alors qu’elle n’arrive pas à nourrir les 7.000 habitants actuels qui partent grossir le flot des chômeurs à La Paz ?

Comment ont-ils fait autrefois pour nourrir une civilisation prospère, pré-inca, dans cette pampa désolée, exposée à toutes les intempéries, où les cultures gèlent en plein été la nuit, quand elles ne sont pas détruites par la sécheresse le jour, ou inondées par les eaux saumâtres du lac Titicaca.

Pourtant, pendant des années, les O.N.G. et les Agences internationales n’ont pas manqué d’intervenir. Mais leurs ingénieurs agronomes, pleins de bonnes intentions, avec leurs engrais, leurs semences améliorées et leurs techniques sophistiquées ont toujours échoué et repartaient découragés par ce climat trop rude et ces terres trop pauvres… jusqu’à ce que Roberto Cruz, rencontre deux archéologues américains, accroupis dans son champs qui lui contèrent en cette année 1987 d’étranges choses sur sa terre et sa fertilité passée.
Il appris aussi que les curieuses élévations de terre qu’il avait toujours connues et qui faisaient ressembler le paysage à une gigantesque tôle ondulée étaient les restes d’un système de plate-formes séparées par des canaux et qu’il pourrait faire revivre pour cultiver des pommes de terre.

Malgré la réprobation de ses voisins superstitieux qui craignaient que creuser la terre apporterait le malheur au village, Roberto Cruz se laissa convaincre et ensemença l’une de ses plate-formes remise en état.
Une nuit de février arriva ce qu’il craignait tant, une forte gelée. Au matin les paysans constatèrent que 90% de leur récolte était perdus. Quand Roberto descendit à son tour pour constater les dégâts, il ne fut pas peu surpris de voir qu’un léger brouillard couvrait son champ comme une couverture étalée à 90 cm du sol.
Sa surprise fut encore plus grande quand il constata que les plants n’avaient pratiquement pas soufferts de la gelée.
Quelques mois plus tard il engrangea une récolte record. Même les voisins les plus récalcitrants furent convaincus. C’était le premier Suka Kollu réhabilité, il y en a maintenant 128 ha dans 53 communautés.
Voilà ce qu’un savoir millénaire peu faire, là où une débauche de moyens et de technologies modernes ont été impuissants.
Comment çà fonctionne les Suka Kollu :
Entre des plates- formes de terre surélevées s’intercalent des canaux d’environ 50 à 80 cm de profondeur où l’on amène l’eau d’une rivière voisine.
Pendant les journées très ensoleillées sur l’Altiplano, l’eau des canaux est réchauffée.
Lorsque celle-ci s’évapore, la rencontre avec l’air froid de la nuit provoque cette couverture brumeuse qui protège les plantes de la gelée. Ecologistes avant l’heure les Amérindiens avaient su mettre en valeur les atouts de la nature pour créer un micro-climat.

L'agriculture biologique, une réponse citoyenne pour préserver notre avenir !
 

De plus l’eau douce des canaux permettait d’arroser en période de sécheresse et elle empêchait la remontée périodique des eaux saumâtres du lac. Algues et plantes s’y développaient et attiraient les insectes et les oiseaux aquatiques dont les résidus organiques issus du curage annuel permettaient de fertiliser les cultures.
Voilà comment très simplement ces populations paysannes avaient su avec intelligence s’intégrer au fonctionnement de la nature et en utiliser les forces au lieu de les combattre avec beaucoup de désastres comme le fait notre arrogante société moderne.
Mieux qu’une explication sur l’agriculture biologique, l’histoire de ces paysans Boliviens ou Malgaches illustre ce que nous pouvons faire, à l’échelle humaine, avec des moyens modestes pour nourrir sainement équitablement et durablement les populations de la Terre.
Ces histoires sont légions dans tous les pays du monde qui ont préservé leurs traditions, là où le modèle technico-industriel n’a pas réussi à effacer de la mémoire des peuples la multitude de solutions naturelles et d’adaptations innées qui leur assuraient souveraineté et indépendance.

Enjeux Alimentaires, Agriculture et démographie, une trilogie redoutable pour l’avenir de l’humanité…

Il en est des concepts comme des divinités qui marchent par trois, quand ils ne marchent pas sur la tête, ainsi la trilogie: Agriculture – Alimentation – Santé, souligne un principe de cohérence oublié par le plus grand nombre, ce qui rend pertinente la phrase de Bossuet, « l’Homme est un animal curieux qui s’afflige des maux dont il continue d’adorer les causes… »

Ainsi les maladies « dites de civilisation », n’ont-elles pas d’autre origine que les pratiques dénaturées ou les modes néfastes inventées par l’homme pour satisfaire ses désirs les plus irrationnels.

Et derrière ses dégradations considérées comme des fatalités, se justifie la mise en oeuvre des instruments de réparation : hôpitaux, pharmacies, secours d’urgence, casernes de pompiers, incinérateurs, stations d’épuration… sans jamais se poser la question fondamentale sur l’opportunité d’arrêter les maux à leur source, plutôt que de continuer à écoper le Titanic à la petite cuillère.

Le Titanic justement, dont les rédacteurs du Wall -Street Journal de 1912 ne voulaient pas croire qu’il avait coulé, malgré les avaries causées par l’iceberg, tellement convaincus de l’infaillibilité technologique de l’homme, comme aujourd’hui les chantres de la planète o.g.m. nucléaire ou biocidaire… n’ont pas le moindre état d’âme quant à la légitimité de leurs dogmes et de leurs croyance.

Il est intéressant d’ailleurs, d’un point de vue psychanalytique, de citer ces quelques lignes dénichées par Jean-Pierre Berlan dans les archives de l’histoire pour nous rendre compte combien l’humanité est amnésique et répète inexorablement les mêmes schémas :

« …lentement mais sûrement la pensée de l’homme neutralise les forces incalculables de la nature. La gravité des dégâts (du Titanic) est évidente, mais le point important est qu’il n’a pas coulé... » ,

ainsi s’exprimait le rédacteur du grand quotidien New-Yorkais, après la catastrophe, au matin du 16 avril 1912.

Puissions-nous, aujourd’hui, sortir de cet aveuglement culturel et moral qui nous fait prendre des vessies pour des lanternes et arrêter ce système économique factice fondée sur le gaspillage avec ses montagnes de marchandises sans marché, côtoyées par des foules sans revenus, entourées de campagnes exsangues, de paysans ruinés, de ressources naturelles ravagées et de désastres plus grands, à venir (effet de serre, migrations, pandémies, famines…)

Après le rapport de l’ONU et du GIEC, qui ont déjà donné l’alerte, l’UNESCO a publié à son tour, le 7 avril 2005, son inventaire des écosystèmes qui démontre que l’espèce humaine a causé des désastres irréversibles en moins d’un demi-siècle.

Le ciseau redoutable des courbes qui menacent notre planète sur les graphiques de ces institutions, c’est la démographie galopante (3 bouches de plus à nourrir à chaque seconde sur la terre, soit 90 millions d’âmes chaque année en supplément) et dans le même temps les dégradations infligés aux éco-systèmes qui transforment quinze ha en désert toutes les minutes (ou 20 terrains de foot-ball), soit une Belgique par an…

Peut-on imaginer, folie collective plus tragique, de l’espèce dominante qui pourtant s’auto-proclame la plus intelligente et que rien ne semble pouvoir arrêter dans ses délires suicidaires? Dans ces conditions l’humanité a-t-elle une chance échapper à son destin apocalyptique ?

Voilà les questions importantes que l’on peut se poser à l’aube d’une nouvelle année, pour prendre les bonnes décisions et faire les bons choix de vie quotidienne, car c’est d’abord individuellement que nous devons changer pour que le monde change !

Comment faire pour sortir de l’impasse avec l’une des fonctions les plus importantes : se nourrir! et changer nos modes de production.

L’ Agriculture est une activité de base dans tous les pays du globe.
Elle doit répondre au plus fondamental de tous les besoins :
L’ ALIMENTATION DES POPULATIONS, dans des conditions de sécurité et de salubrité optimum, définies par les coutumes et les exigences sanitaires.

Parallèlement, elle a pour vocation d’assurer la préservation des ressources et des paysages dans des campagnes vivantes.

De plus, l’Agriculture a une autre fonction essentielle à remplir, elle doit veiller au respect des cycles écologiques pour une production durable.

Ces recommandations figurent dans l’Agenda 21 adopté au sommet de Rio.
Elles assignent à la communauté internationale des objectifs prioritaires pour une agriculture de restauration et de préservation de l’environnement, afin d’établir une société viable à long terme pour que nos enfants et les enfants de nos enfants puissent vivre aussi bien que nous.

TOUTE VIE REPOSE SUR LA PLANTE VERTE !

La capacité des végétaux à transformer l’énergie solaire, donne à l’Agriculture une position unique parce qu’elle produit des ressources indispensables et notamment la majeure partie des matières premières renouvelables dont:

Les denrées alimentaires, les bio-énergies, les matières premières industrielles (coton, huiles, laine, chanvre, carburants, alcools, pigments tinctoriels), les fibres végétales pour matériaux de construction, molécules diverses, etc …

Les systèmes énergétiques de l’avenir devront s’adapter plus largement à ce que peuvent tolérer les êtres humains et la nature en ayant recours à des technologies non-polluantes, en rétablissant des cycles écologiques d’épuration et de restitution des déchets en matières fertilisantes, que seule peut valoriser une agriculture plus « organique » que minérale, plus « fermentaire » qu’industrielle, plus biologique que chimique….

L’un des gigantesques enjeux du XXI ème siècle est de nourrir sainement et économiquement une population en constante expansion alors que les ressources en terres et en eau diminuent et, également les connaissances et les savoirs faire naturellement adaptés aux conditions locales.

N’oublions pas que pauvreté et dégradation de l’environnement vont de pair avec leurs conséquences tragiques de migrations, de guerres, de famines et d’épidémies.

Il existe actuellement de grands risques de conflits entre les exigences d’une agriculture viable à long terme (biologique ou paysanne), fondée sur le respect des traditions et de l’environnement et les promoteurs d’une exploitation industrielle intensive des ressources.

Ces derniers, s’ils ont obtenu en quelques décennies des résultats spectaculaires, ne pourront pas maintenir leurs performances, car les agro-systèmes sont épuisés et leur vulnérabilité n’a d’égale que leur dépendance totale à des techniques très coûteuses et sophistiquées pour une production alimentaire limitée à une minorité de populations solvables.

Dans un tel conflit, il importe de donner la priorité à une gestion des ressources qu’on pourrait appeler « en bon père de famille » mention qui figure toujours dans les baux ruraux…basée sur l’économie traditionnelle et les techniques appropriées pour préserver l’avenir et le potentiel de subsistance.

Aujourd’hui, force est de constater que le système alimentaire moderne est dans une impasse majeure.
Il détruit ses sols, saccage ses ressources, ruine la majorité de ses paysans, pour une nourriture de plus en plus appauvrie, avec des risques extravagants de maladies nouvelles, O.G.M. DIOXINES, VACHES FOLLES, ANTIBIOTIQUES, ET PESTES AVIAIRES OU PORCINES à répétition.

Le scénario catastrophe se rapproche mais on ne remet pas en cause les conditions de production et d’élevage. Pourtant il existe des alternatives bénéfiques.

En anéantissant ainsi les économies rurales, le modèle alimentaire dominant condamne toutes perspectives de rétablissement d’emploi et d’intégration sociale dans des zones devenues durablement désertiques.

Il faut au contraire inverser la tendance et donner priorité à un développement économique des zones rurales, axé sur les petites entreprises, les dynamiques créatives, la transformation à la ferme, la diversification, l’innovation, la qualité…

D’autre part, le paysage rural est une part inaliénable de la vie culturelle des Pays et le fondement même de bonnes conditions de vie dans les régions.
Sa diversité est immense et les conditions requises pour le préserver, très variables.

La sensibilité aux paysages, ruraux en particulier n’a cessé de grandir au cours des dernières années comme nous le démontre Bernadette Lizet et François Ravignan ;

Il ne s’agit pas d’un simple phénomène de mode mais d’un attrait puissant qui nous renvoie à une interrogation plus générale sur l’évolution inquiétante de nos sociétés.
Depuis le milieu du XIXème siècle et d’une façon de plus en plus brutale, l’homme occidental s’est cru capable de tout faire, envisageant même sans crainte une artificialisation totale de sa vie.
En ce qui concerne l’Agriculture, cette idéologie aboutit à considérer la terre comme un simple support où l’on peut semer n’importe quoi grâce aux moyens fournis par la technique.

La spécificité des divers milieux géographiques est dès lors niée, de même que les valeurs culturelles de sociétés locales.
Il en résulte que la plupart des pays d’Europe et, plus généralement dans les régions industrialisée de la planète, on assiste à la désertification de contrées entières qui n’ont pu s’adapter aux méthodes de cultures modernes mises au point dans les grands bassins de culture intensive.
Mais dans ces derniers, les problèmes de pollution de l’environnement et de fatigue des sols posent à leur tour question.
Dans les pays du Tiers-Monde non plus les techniques de cultures mises au point en occident ne parviennent pas à faire reculer la faim ni à sauvegarder les ressources naturelles, bien au contraire.
Ainsi, au Nord comme au Sud les Chercheurs et techniciens s’interrogent et l’intérêt renaît pour les méthodes des Agricultures paysannes en vue de leur revalorisation et de leur amélioration.
Des préoccupations plus confuses mais qui procèdent d’une prise de conscience comparable atteignent le grand public :
La campagne dans ses aspects traditionnels, les sociétés paysannes et leurs modes de vie, les plantes sauvages et cultivées, les animaux dans leur milieu suscitent dans les villes d’occident un intérêt grandissant dont témoignent constamment les médias.

Tout ce mouvement citadin montre combien est à l’ordre du jour la préoccupation de retrouver ses racines dans les traditions paysannes, dont l’Agriculture du même nom est la principale fonction.
Derrière celle-ci il y a des hommes et des femmes qui cultivent, mangent, coupent du bois, transportent des denrées, gardent des troupeaux, commercent, échangent, se déplacent, une longue histoire qui nous vient des siècles passés. Alors le paysage ou « visage du pays » commence à s’animer.
Il raconte ce qui demeure des relations entre les hommes et le milieu naturel qu’ils ont façonné. Il parle enfin de ce qui se transforme, de ce qui disparaît, de ce qui préfigure l’avenir… Il parle en fait de la vraie vie, concrète, permanente, celle où il n’y a pas de place pour les faux-semblants et la tricherie… pour l’illusoire et le factice.

Nature et Culture constituent le socle de notre civilisation. Voilà pourquoi la rupture de leur équilibre fait peser des menaces sur notre existence.
L’espace rural n’est pas une coquille vide. Il renferme une partie de nos racines culturelle qui est notre substance.

Cette mosaïque de couleurs, ces haies fleuries, ces ruisseaux qui serpentent ponctués de têtards fourchus, ces bocages paisibles où paissent des troupeaux, ces chemins sinueux qui mènent vers des clochers lointains à travers des landes ouvertes et des collines verdoyantes…toutes ces sources de joies esthétiques et d’émotions, aussi indispensables à l’équilibre de l’esprit que la nourriture l’est pour le corps, forment un tout indissociable et nous renvoie à l’indispensable fonction des Agricultures Paysannes.

Quand on pose la question au philosophe Michel SERRES : « quel est selon vous l’évènement le plus important du XXème siècle ? » il répond : « la fin des Paysans »… sous entendu : « la fin de la vie » car « la fin des gens du pays », la fin de l’équilibre et de l’interdépendance entre les villes et les campagnes comme aux siècles passés.

Alors pour reprendre la question pertinente de François PLASSARD :

« comment éviter que le libre échange mondial transforme les agricultures industrielles en promoteur du plus grand programme de réfugiés qui n’ait jamais existé sur la Planète ?
Comment repenser les liens villes - campagnes comme un chantier d’économie solidaire pour « un autre monde possible » ? tels sont les thèmes que nous devons développer pour trouver la voie d’ une Paix durable…

Les points forts de ce nouveau paradigme tournent autour de la remise en cause du modèle de développement industriel et de l’impasse du système agricole moderne en matière d’environnement, de santé publique et de sécurité alimentaire.
Si l’on pose comme postulat que « toute vie sur terre repose sur la plante verte » qui est de l’énergie solaire condensée, par l’extraordinaire fonction qu’est la photosynthèse, il faut bien reconnaître que l’homme n’a encore rien trouvé de mieux que ce moteur universel pour produire durablement des biens de consommation indispensables à la vie.
Pendant des millénaires les systèmes se sont reproduits et perpétués sur la capacité des végétaux à transformer l’énergie solaire pour la rendre assimilable à l’ensemble du monde vivant.
A titre indicatif la capacité de production de l’ écosystème terrestre est chaque jour 2500 fois plus importante que la consommation mondiale d’électricité, toutes énergies confondues …
Cette capacité des végétaux à produire des ressources indispensables et notamment la majeure partie des matières premières renouvelables, dont la plus importante est la nourriture, donne à l’agriculture une position unique dans le concert des activités humaines indispensables à la pérennité de la vie sur terre.
Le problème est : comment éviter le naufrage du Titanic agro-industriel dont le programme de libre-échange mondial, en détruisant les agricultures paysannes, provoque déjà la plus grande migration de réfugiés que n’ait jamais connu la planète ?

 

  • 2% d’agri-managers ultra subventionnés avec l’argent public et hyper polluants, pour remplacer 1,5 milliards de petits paysans !
  • Cela nous ramène à une autre question essentielle : sur AGRICULTURE et DROITS de l’HOMME ! ou comment la violence faite à la Nature s’accompagne de violence faite aux hommes…
    L'agriculture est une des activités humaines les plus fondamentales puisque nous devons nous nourrir chaque jour. L'histoire, la culture et les valeurs collectives sont liées à l'agriculture. Les principes énoncés ici concernent l'agriculture au sens large, comprenant la façon dont les hommes entretiennent le sol et interagissent avec le paysage, les plantes, les animaux et l’environnement dans son ensemble; ce que nous mangeons et portons; comment la nourriture et les autres biens vitaux sont obtenus, maniés, préparés, et distribués; et l'héritage que nous laissons aux générations futures.

Toute vie sur terre repose sur la plante verte qui est de l’énergie solaire condensée par l’extraordinaire fonction qu’est la photosynthèse. L’homme n’a encore rien trouvé de mieux que ce moteur universel pour produire durablement des biens de consommation indispensables à la vie.

Pendant des millénaires les écosystèmes se sont reproduits et perpétués sur la capacité des végétaux à transformer l’énergie solaire pour la rendre assimilable à l’ensemble du monde vivant. Cette capacité des végétaux à produire des ressources indispensables et notamment la majeure partie des matières premières renouvelables, dont la plus importante est la nourriture, donne à l’agriculture une position unique dans le concert des activités humaines indispensables à la pérennité de la vie sur terre.

L’un des gigantesques enjeux du XXIème siècle est de nourrir sainement et économiquement une population mondiale en constante expansion alors que les ressources planétaires s’amenuisent, notamment les ressources en terre arable et les ressources en eau, et peut-être aussi et surtout les connaissances traditionnelles libres d’accès, et les savoir - faire populaires adaptés naturellement aux conditions locales et aux besoins des populations pour qu’elles exercent leur droit légitime à se nourrir elles-mêmes.

A l’instant où le débat sur les O.G.M. se crispe entre les institutions et l’opinion publique, majoritairement opposée à cette orientation, il est urgent de s’interroger sur la mission de l’agriculture face aux enjeux alimentaires et environnementaux du XXIème siècle et donc à la Paix mondiale.

L’agriculture est une activité de base dans tous les pays. Elle doit répondre au plus fondamental de tous les besoins : l’alimentation des populations, dans des conditions de sécurité et de salubrité optimales.

Parallèlement, elle a pour vocation d’assurer la préservation des ressources et des paysages dans des campagnes vivantes et doit veiller au respect des cycles écologiques pour une production durable. Elle joue enfin un rôle important pour l’équilibre du climat.

Les systèmes énergétiques de l’avenir devront s’adapter plus largement à ce que peuvent tolérer les être humains et la nature en ayant recours à des technologies non polluantes, en rétablissant des cycles économiques d’épuration et de restitution au sol des matières premières fertilisantes que seule peut valoriser une agriculture plus organique que minérale.

Force est de constater que le système alimentaire moderne est aujourd’hui dans une impasse majeure, puisqu’il détruit ses sols, saccage ses ressources, ruine la majorité de ses paysans et pollue gravement les éléments indispensables à la vie. D’autre part, en anéantissant les économies rurales, il condamne toutes perspectives de rétablissement de l’emploi et d’intégration sociale dans des zones devenues désertiques.

Il faut au contraire inverser les tendances et donner priorité à un développement économique des régions rurales, axé sur les petites entreprises, les dynamiques créatives, les transformations artisanales, les circuits courts, la diversification, l’innovation, la qualité.

Par ailleurs le paysage rural est une part inaliénable de la vie culturelle des peuples et le fondement même de bonnes conditions de vie dans les régions. Sa diversité est immense et les conditions requises pour le préserver sont très variables.

800 millions de terriens souffrent de famine et probablement ce chiffre va s’aggraver par pénurie d’eau prévisible, stérilisation et désertification de millions d’hectares chaque année, appauvrissement des ressources génétiques, migrations de réfugiés écologiques de plus en plus nombreux qui désorganisent et troublent la paix civile des régions pour l’heure encore auto - suffisantes.

Pourtant, en matière de production agricole et alimentaire, les solutions simples, pacifiques, efficaces existent si les consommateurs cessent leur complicité volontaire ou involontaire à un système destructeur en décidant d’acheter ou de ne plus acheter les produits reconnus comme néfastes à l’environnement, à la société, à la santé.

Les prémices de cette évolution des consciences sont déjà perceptibles avec les multiples initiatives du commerce équitable et le développement de l’agriculture biologique sur tous les continents.

Faisons en sorte de transformer ces essais en un mode de vie plus juste et plus fraternel pour que l’utopie d’une paix universelle se réalise.

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La situation est préoccupante à bien des égards mais l’avenir peut être positif si nous le décidons ; d’ailleurs les prémices de changements inéluctables sont visibles partout et les crises ne sont pas forcément synonymes de catastrophes, elles peuvent aussi receler des grandes opportunités… notamment celle d’adopter une attitude responsable. Je crois que l’humanité aujourd’hui perçoit de plus en plus qu’elle a rendez-vous avec elle-même. Elle ne peut plus ignorer qu’elle génère partout les causes de ses multiples souffrances, elle ne peut plus ignorer qu’elle se retrouve aujourd’hui confrontée à trois rendez-vous cruciaux où se joue son avenir :

  • celui de son propre habitat écologique, notamment à travers le risque climatique ;
  • celui du cocktail explosif que constitue le couple « misère et humiliation » d’une part et du « terrorisme et armes de destruction massive » d’autre part ;
  • celui de l’alternative entre « guerre » ou « dialogue de civilisation ».

A mon sens, l’humanité a besoin de paix, de coopération et d’intelligence pour faire face à ces défis. C’est pourquoi si nous voulons œuvrer pour un autre monde possible, nous devons nous engager, là où nous sommes, dans la construction d’autres formes « d’être et d’agir » en prenant cet engagement mutuel de manifester les valeurs dont nous prétendons nous inspirer. C’est le cas de tous les choix que nous sommes amenés à faire tous les jours, dans les actes apparemment les plus anodins de la vie quotidienne. Ce souci de cohérence est déjà à l’œuvre par exemple les municipalités qui convertissent les cantines scolaires au bio…

Philippe Desbrosses