Conférence de Philippe Desbrosses à Tapovan le 1er juin 2013

La confiance

Avoir confiance en l'autre, cela demande d'avoir confiance en soi et donc de s'aimer. "Je vais donc forcer un peu les choses et vous montrer que j'ai confiance en moi", dit-il.

Aujourd'hui, on se rend compte que la confiance a largement disparu. Vache folle, crise de la viande de cheval... On est en train de tricher, on perd confiance, on n'a plus de lien social.

"Je lui fais confiance" = acte de foi = acte de croyance. Souvent, je n'ai pas le choix.

Intervention : « la confiance, c'est une façon de vivre »

D'où vient la confiance ? = avoir la foi (sans aucune connotation religieuse) = assurance, hardiesse

Trop confiant = trop con ? A l'époque, la confiance était orale (top dans la main pour établir un pacte). Aujourd'hui, la confiance passe par un contrat de 40 pages, et le développement des juristes et avocats est exponentiel. On veut se protéger, on a peur... On n'a plus confiance ?

La confiance change les structures de la société. Si tu fais confiance à l'autre, il va se comporter selon la confiance que tu lui accordes.

L'exemple du livre "Les Misérables" le montre bien. Parce que Jean Valjean est un ancien forçat, personne ne lui fait confiance. L'évèque décide de lui faire confiance : cela le bouleverse et le transforme.

Aujourd'hui, notre modèle monétaire est fiduciaire : tout se tient par la confiance. C'est une urgence de réinstaurer la confiance, cela ne peut se faire que localement.

Certains ont une très haute idée de la confiance : le général romain Regulus est fait prisonnier par les Hannibals. On lui offre de sauver sa vie s'il va négocier avec les romains. S'il ne réussit pas, il sera exécuté. Regulus échoue et revient alors qu'il connait son sort. Il dit : « cela aurait plus difficile de vivre sachant que je n'ai pas tenu mon serment ».

Ce comportement vaut-il encore aujourd'hui ? Non.

L'histoire de la dame de Condé

Un après-midi descend du train de Paris une dame bien mise. Elle prend ses quartiers dans un bel hôtel. Elle n'a pas de bagage et souhaite réserver une chambre. Elle laisse 100 € à l'hôtelier et reviendra plus tard payer le reste.

L'hôtelier croise dans la rue lors de sa pause le pâtissier qui lui dit : "tu me dois 100 €". Cela tombe bien, l'hôtelier a pile poil 1 billet de 100 € que la dame lui a remis. Il les donne au pâtissier.

Le patissier doit lui aussi 100 € au garagiste qui lui a réparé sa voiture il y a trois jours, il lui donne alors le billet de 100 €.

La garagiste rembourse à son tour la dette de 100 € qu'il avait contracté auprès de son tailleur pour l'enterrement de sa grand-mère.

Et cela faisait déjà plusieurs mois que le tailleur devait 100 € à son coiffeur qui avait fait une jolie coupe et une jolie couleur à sa femme.

Le coiffeur et sa femme arrivent à l'hôtel, comme à leur habitude, pour se prélasser au SPA. Ils ont une dette de 100 € pour la chambre qu'ils ont prise la semaine dernière pour des amis. Le coiffeur paie l’hôtelier tout de suite, qui se retrouve avec les 100 € d'origine.

La dame de Condé revient quelques heures plus tard et veut annuler sa chambre. L'hôtelier lui rend alors les 100 €.

Elle déchire le billet devant lui en riant et en disant "de toute façon, c'est un faux".

Un faux billet a effacé 5 dettes. Ce n'est pas la valeur du billet qui compte mais bien la confiance.

Philippe Desbrosses